lundi 1 décembre 2008

Infinite Spirou Crisis (1)

Je suis amer.

J'aime bien la bande dessinée, en particulier le style franco-belge classique. J'ai été élevé aux éditions Dupuis, et bien entendu la série Spirou et Fantasio occupe une place de choix dans ma bédéthèque. Un mélange d'aventure, d'humour, de fantaisie, voire de poésie ; des histoires intelligentes et pleines de finesse... Mais que l'on est en train de massacrer.
Mais avant tout, revenons en arrière :


Spirou a été créé en 1938 par le dessinateur Rob Vel à la demande des éditions Dupuis, qui voulaient lancer un périodique pour la jeunesse. Rejoint dans ses aventures (mélant humour et action, avec une touche de pulp, comme le voulait l'époque) par l'écureuil Spip et son comparse Fantasio, Spirou change assez rapidement d'auteur, passant d'abord dans les mains du dessinateur Jijé, puis dans celle de son apprenti, un dénommé André Franquin.

Entre les mains de Franquin, la série se stabilise et prend de l'essor. Petit à petit, la série trouve ses marques et son univers : l'ancien groom devient reporter pour le journal Moustique, ce qui lui permet de se balader dans les quatre coins du monde. La rencontre avec un savant lunatique, le comte de Champignac, ajoute à ses aventures une touche de science-fiction bienvenue.
Mais ce qui rend la série exceptionelle, c'est qu'elle est imprégnée de la personnalité de Franquin : on y retrouve son humour fantaisiste, sa poésie et son pacifisme, même si cette personnalité complexe s'exprimera plus tard dans sa pleine mesure dans les "Idées Noires" puis dans Gaston (lequel fait quelques apparitions en 'guest star' dans quelques histoires de Spirou). Cet aspect de la série est symbolisé par son personnage le plus 'franquinesque' (outre Gaston) : le célèbre Marsupilami.
L'apogée de la période Franquin (et, à mon sens, de la série) est la collaboration avec le génial scénariste Greg (auteur, entre autres choses, de 'Achille Talon'). Les deux amis créent le mythique savant mégalomane Zorglub, et créent l'album souvent considéré comme le meilleur de la série : "QRN sur Bretzelburg".

Dans les années 70, Franquin souhaite passer à autre chose : la série, qui appartient à l'éditeur, change de nouveau de mains et atterit dans celle d'un jeune poète breton : Fournier. Franquin ne reste propriétaire que de ses deux personnages les plus personnels, qui n'apparaitront malheureuseument plus dans la série : Gaston et le Marsupilami (il a néanmoins accepté qu'on retrouve ce dernier dans le premier album de Fournier, "Le faiseur d'or", de manière à ce que la transition se fasse en douceur).
Il est difficile de prendre la relève d'un tel auteur. Fournier s'en sort pourtant honorablement, respectant l'univers de Franquin tout en lui apportant sa touche personnelle, faite de légendes bretonnes, de poésie et d'écologie. L'album le plus symbolique de cette période est sans doute "L'Ankou", l'un des meilleurs albums de la série.


[A suivre...]


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